NUCLéAIRE : AVEC 12 ANS DE RETARD, L’EPR DE FLAMANVILLE VA POUVOIR êTRE MIS EN SERVICE

« Enfin », diront certains. Avec douze ans de retard, l'EPR à Flamanville va pouvoir être mis en service. Épilogue d'un long feuilleton, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a donné, ce mardi 7 mai, son feu vert pour le lancement progressif de la production d'électricité du réacteur de nouvelle génération EPR de Flamanville en Normandie. À l'issue de son instruction, le gendarme du nucléaire « vient d'adopter l'autorisation de mise en service de l'EPR de Flamanville », a déclaré ce mardi à l'AFP Julien Collet, son directeur général adjoint.

« Cette autorisation va permettre à EDF de commencer à charger le combustible dans le c?ur du réacteur et ensuite d'engager la phase d'essais qui va se poursuivre » au cours des prochains mois. À travers sa décision, d'une dizaine de pages, l'ASN considère que « l'installation telle qu'elle est construite est effectivement conforme à son référentiel de sûreté », a résumé Julien Collet. Le lancement de la production électrique est prévu au cours de l'été.

13,2 milliards d'euros, quatre fois le budget prévu

À l'heure où le gouvernement veut construire jusqu'à quatorze réacteurs en France, le chargement de l'uranium est une étape décisive pour EDF et toute la filière, qui entendent tourner la page d'un chantier laborieux de dix-sept ans, émaillé de multiples problèmes et de dérapages budgétaires colossaux.

Lancée en 1992 comme le fleuron de la technologie nucléaire, avec une collaboration initiale franco-allemande, la technologie du réacteur pressurisé européen (EPR) a été conçue pour relancer l'atome en Europe, après la catastrophe de Tchernobyl de 1986, en offrant une sûreté et une puissance accrues.

À LIRE AUSSI Nouveau nucléaire : la « drôle de guerre » Mais cette promesse s'est heurtée à de nombreux contretemps. À l'instar du premier chantier d'EPR, lancé à Olkiluoto (Finlande) en 2005, celui de Flamanville démarré en 2007 aura connu de multiples déboires : fissures dans le béton de la dalle, anomalies dans l'acier de la cuve, défauts de soudure? Si le démarrage se confirme à l'été 2024, il interviendra avec douze ans de retard sur le calendrier de départ, pour une facture totale désormais estimée à 13,2 milliards d'euros, selon EDF, soit quatre fois le devis initial de 3,3 milliards.

Le réacteur à sa pleine capacité en « fin d'année »

EDF va dans les prochains mois mener un programme d'essais pour « vérifier le bon comportement du c?ur du réacteur » et « le bon fonctionnement des dispositifs de sûreté du réacteur », a ajouté Julien Collet. EDF peut désormais commencer à tout moment le chargement, « un par un », des 241 assemblages d'uranium dans le réacteur, un jalon essentiel avant le lancement progressif de la production d'électricité prévu cet été.

Le raccordement au réseau électrique (le « couplage ») n'interviendra en effet que dans quelques mois, une fois que le réacteur aura atteint 25 % de sa puissance, après une montée progressive par paliers. Ce n'est qu'en « fin d'année » que le réacteur devrait fonctionner et livrer ses électrons à 100 % de sa puissance, selon EDF. D'ici là, EDF devra encore solliciter l'avis de l'ASN à trois reprises : « avant de démarrer la réaction nucléaire », « au palier de puissance 25 % puis au palier de puissance de 80 % », a détaillé Julien Collet.

Pour autant, une fois le courant circulant sur le réseau, Flamanville 3 n'en aura pas encore terminé avec les travaux : le réacteur devra être arrêté dès 2026, à l'occasion d'une visite de maintenance, pour remplacer le couvercle défectueux de la cuve.

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