NOUVELLE-CALéDONIE : LA DIRECTION DE L’USINE DE NICKEL KNS ANNONCE LE LICENCIEMENT DE SES 1 200 SALARIéS

En grande difficulté financière avec une dette de 13,5 milliards d’euros, l’usine de nickel KNS était à la recherche d’un repreneur depuis le départ en février du groupe anglo-suisse Glencore, son actionnaire principal. Faute d’une offre finalisée d’un repreneur, 1 200 salariés vont être licenciés fin août. Seule une cinquantaine d’employés seraient maintenus sur site pour le garder en état au stade de veille « froide ». « Dans cette période exceptionnellement difficile pour chaque personne, chaque famille, nous tenons à réaffirmer que toutes celles et tous ceux qui ont contribué à cette aventure industrielle jusqu’à ce jour peuvent en être fiers. Leur professionnalisme et leur engagement ont été exemplaires, jusque dans les projets d’améliorations réalisés ces dernières semaines », a expliqué KNS dans un communiqué.

L’usine de production de ferronickel Koniambo Nickel SAS, était considérée comme l’un des projets du rééquilibrage économique entre les provinces Nord et Sud de l’archipel français du Pacifique. Sauf que cette usine n’a jamais été rentable et affiche une dette colossale de près de 14 milliards d’euros.

Un appel à « prendre ses responsabilités »

À l’époque, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait appelé le géant minier Glencore et la province Nord de Nouvelle-Calédonie, actionnaires de l’usine Koniambo Nickel SAS (KNS) en grande difficulté, à « prendre leurs responsabilités » pour éviter sa fermeture. La province Nord en est actionnaire à 51 % et Glencore, qui en assume seul les pertes financières, à 49 %.

« J’ai fait des propositions à Glencore. Nous avons proposé 60 millions d’euros de subventions sur le prix de l’énergie, 45 millions d’euros de ressources supplémentaires, un prêt de 100 millions : 200 millions d’euros pour la seule usine du nord pour garantir sa pérennité sous forme de soutien public », avait-il affirmé lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Et d’ajouter : « Maintenant, c’est aux actionnaires de prendre leurs responsabilités. Nous n’irons pas plus loin et nous n’allons pas subventionner à perte : Glencore et la province Nord ont leurs responsabilités à prendre », avait-il poursuivi, en assurant que « l’État a pris les siennes ».

Devant les députés, Bruno Le Maire avait assuré « croire à l’avenir de la filière nickel en Nouvelle-Calédonie », qui représente près d’un quart des emplois privés de l’archipel et 20 % de son produit intérieur brut (PIB) mais est plombée par la combinaison d’une chute des cours, d’une énergie coûteuse et d’une hausse de la concurrence étrangère.

Pour l’heure, selon la direction de l’usine, trois groupes seraient sur les rangs pour reprendre l’usine. « La décision de mettre en œuvre le PLCME ne remet pas en cause le processus de recherche d’un nouveau partenaire et les discussions se poursuivront avec le concours actif des actionnaires, les conseillers financiers experts mandatés dans ce dossier et des représentants de l’entreprise », explique KNS.

La crise du nickel aggrave les tensions dans l’archipel

Aujourd’hui, l’industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie, qui représente 90 % des exportations de l’archipel, se trouve au point mort, alors que l’archipel possède un quart des ressources mondiales de ce minerai rare et indispensable à la confection d’alliages inoxydables et de batteries électriques. L’industrie phare du Caillou a été confrontée à la chute du cours du nickel, qui a perdu 45 % de sa valeur en 2023.

Alors que l’Indonésie a gagné des parts de marché dans ce secteur, la crise du nickel repose en partie sur le prix de l’énergie, avec un rapport d’un à cinq entre l’Indonésie et la Nouvelle-Calédonie. Cette crise du nickel est aussi en partie responsable des tensions actuelles dans l’archipel. Si les émeutes ont débuté avec la réforme contestée sur l’élargissement du corps électoral, cette crise qui entraîne une crise économique et sociale est un des facteurs aggravant de la situation.

En outre, la situation politique est aussi tendue entre les indépendantistes qui contrôlent notamment l’usine du nord de l’île et Paris. Les engagements demandés aux collectivités - 66,7 millions d’euros par Paris - sont jugés trop coûteux pour les indépendantistes, qui soulignent que le territoire est déjà endetté à 153 % de son budget fin 2023. Les discussions sont ainsi au point mort depuis l’annonce de la fermeture du site.

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