GUILLAUME MEURICE, SUSPENDU PAR RADIO FRANCE, QUAND MêME ENTENDU DANS L’éMISSION DE CHARLINE VANHOENACKER

MÉDIAS - Un pied de nez à la direction. Dans son émission le Grand dimanche soir sur France Inter, Charline Vanhoenacker a fait le choix du rire et de la liberté d’expression pour évoquer la mise à pied de son collègue Guillaume Meurice, ce dimanche 5 mai. Elle lui a ainsi apporté son soutien en coutournant, doucement mais sûrement, les règles imposées par Radio France, en allant jusqu’à laisser entendre la voix de l’humoriste.

Guillaume Meurice avait en effet annoncé ce jeudi qu’il ne serait pas présent lors des deux prochaines émissions du Grand dimanche soir. Le chroniqueur a été suspendu par la direction de la radio dans l’attente d’une éventuelle sanction pouvant aller jusqu’au licenciement, après avoir réitéré ses propos polémiques sur Benjamin Netanyahou tenus fin octobre, comparant le dirigeant israélien à une « sorte de nazi mais sans prépuce ».

Cette mise à pied a suscité l’inquiétude de nombreuses personnalités quant au respect de la liberté d’expression et de caricature par le service public. L’émission de dimanche, la première sans l’humoriste, était donc très attendue. Voici ce qui a été dit.

• Guillaume Meurice (presque) entendu dans l’émission

« En matière de liberté d’expression, même s’il faut monter sur le terrain sur une seule jambe et les yeux bandés, on va le jouer ce match », a promis Charline Vanhoenacker dès le début de l’émission. « La solidarité, ça existe encore, et c’est la meilleure défense », a-t-elle ajouté.

Au nom de cette solidarité justement, un autre humoriste de la troupe, Aymeric Lompret, a remplacé Guillaume Meurice. Charline Vanhoenacker a alors expliqué : « On a les sons du reportage de Guillaume. (...) On a décidé, nous, et j’ai validé parce que j’ai de l’autorité -- vous l’avez vu --, de confier ces sons à Aymeric pour qu’il en fasse un peu de comique d’investigation ».

La chronique de Guillaume Meurice n’a ainsi pas été supprimée mais simplement lue par Aymeric Lompret. Les extraits de micro-trottoir et les interventions de l’humoriste enregistrées sur le terrain à l’avance ont été diffusés, contournant ainsi la sanction de la direction. Une partie de l’émission largement applaudie par le public.

• Un siège volontairement laissé vide dans le studio

Dans le studio, la place habituelle de Guillaume Meurice a symboliquement été laissée vide. « Il n’a pas le droit d’être avec nous ce soir, Inter l’a envoyé en internat pour le remettre dans le droit chemin », a ironisé Charline Vanhoenacker à l’attention de ses auditeurs.

« Certains d’entre vous se demandent pourquoi on n’est pas en grève. On est des spécialistes de la grève, on les a toutes faites depuis dix ans et on connaît les règles : préavis de cinq jours à Radio France. Vous ne voudriez pas qu’en plus on se mette hors-la-loi ? », a-t-elle ajouté.

« Comme l’extrême droite a décidé de nous faire taire ce soir, on ne va tout de même pas leur laisser ce plaisir », a poursuivi l’animatrice, réservant plusieurs piques au groupe public. « À force de passer plus de temps aux RH et à la PJ (police judiciaire) qu’à écrire des blagues, on va finir par donner raison aux gens qui disent que l’argent public est mal dépensé », a-t-elle déroulé.

• Djamil Le Shlag annonce quitter France Inter

Le signe de soutien le plus fort revient à l’humoriste Djamil Le Shlag. Ce dernier a repris à l’antenne les propos de Guillaume Meurice à l’origine de sa mise à pied, avant d’annoncer en direct qu’il claquait la porte de la station. « Perso, je ne vois pas ce qui est choquant à comparer Netanyahou à une sorte de nazi sans prépuce », a-t-il déclaré, sous les applaudissements du public.

« Je reviens sur la direction de France Inter. Vous pensez faire peur à qui avec vos menaces de mise à pied ? Perso, je suis un arabe en France, j’ai toujours été menacé de me faire virer. (...) J’en tire les conclusions en me retirant du service public après l’émission, c’était ma dernière chronique. (...) Dans cette station, je ne me sens plus dans mon “safe space” ». Charline Vanhoenacker l’a salué un peu plus tard dans l’émission.

Guillaume Meurice avait déjà écopé en novembre d’un avertissement de la direction de Radio France, qu’il conteste devant les prud’hommes.

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