UN PROCèS POUR « GéNOCIDE » ET « CRIME CONTRE L’HUMANITé » REQUIS à L’ENCONTRE D’UNE REVENANTE DE SYRIE

Une « revenante » française de Syrie bientôt jugée pour son implication présumée dans le martyre de la communauté yézidie, cette minorité religieuse kurdophone non-musulmane persécutée par Daech ? Selon nos informations, le parquet national antiterroriste (Pnat) a requis ce mardi un procès pour « génocide » et « crime contre l’humanité » à l’encontre de Sonia M., ex-épouse d’un haut gradé de Daech, comme nous le confirme le Pnat.

Cette Française de 34 ans est soupçonnée d’avoir réduit une adolescente yézidie de 16 ans à l’esclavage domestique, en 2015, dans un appartement, à Raqqa, en Syrie, où elle s’était installée avec son mari, comme nous l’avions révélé. « Le Pnat veut à tout prix son procès. Alors que les infractions pour lesquelles la cliente est poursuivie ne sont constituées ni en droit ni en faits », a réagi Me Nabil Boudi, l’avocat de Sonia M., contacté par nos soins. Sa cliente conteste fermement les faits.

Sonia M., native de Grenoble (Isère), avait été mise en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle à son retour en France début 2020, après plus de cinq années passées au sein du califat. Sa mise en accusation pour ces qualifications pénales a aussi été requise, comme nous le confirme le Pnat. Figure bien connue, la trentenaire avait témoigné lors du procès des attentats de janvier 2015 en tant qu’ancienne épouse d’Abdelnasser Benyoucef, alias Abou Moutana, un djihadiste algérien ayant grandi en France. Interrogée depuis la prison, elle avait confirmé que son mari avait été l’un des commanditaires de l’attentat de l’Hyper Cacher et de l’attaque d’une église de Villejuif envisagée par Sid Ahmed Ghlam.

Elle pourrait risquer la réclusion criminelle à perpétuité

Mais un rapport du service pénitentiaire et de probation du 9 juillet 2021 avait mentionné que Sonia M. s’était épanchée, en prison, sur le sort d’une jeune esclave sexuelle achetée par son mari. Le 13 septembre 2022, la trentenaire avait été mise en examen supplétivement pour complicité de génocide et de crime contre l’humanité. Le 7 février dernier, à Erbil, la jeune Yézidie a été entendue par les autorités judiciaires kurdes, en présence du magistrat instructeur français. Pendant son audition, Roza (son prénom a été modifié) a confirmé les accusations, affirmant avoir été exploitée pendant un mois et dix jours, au printemps 2015, par Abdelnasser Benyoucef et son épouse.

Le 14 mars, le juge d’instruction avait donc décidé, conformément aux réquisitions du parquet national antiterroriste (Pnat), de requalifier les charges pesant contre Sonia M., et de la considérer en tant qu’auteure principale de génocide et crime contre l’humanité. Si le juge antiterroriste suit ces réquisitions et ordonne sa mise en accusation devant une cour d’assises spécialement composée pour ces qualifications, les plus graves du Code pénal, Sonia encourrait la réclusion criminelle à perpétuité.

Le Pnat a également requis la mise en accusation d’Abdelnasser Benyoucef, présumé mort et visé par un mandat d’arrêt, pour direction d’une association de malfaiteurs terroriste criminelle, génocide et crime contre l’humanité, indique le Pnat.

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