«Les militants du climat sont dans leur rôle d’alerter et de dire qu’il faut accélérer.» La Première ministre voudrait presque nous faire croire qu’elle soutient les actions pour le climat. Elisabeth Borne a réagi vendredi 26 mai après que des militants ont perturbé l’Assemblée générale des actionnaires du groupe TotalEnergies, qu’ils accusent de «greenwashing». «Il faut que tous nous accélérions sur la transition écologique», estime même la cheffe du gouvernement en marge d’un déplacement en Côte d’Or, tout en reconnaissant - quand même - au géant pétrolier d’avoir «engagé sa transition vers les énergies renouvelables».
A Paris, une centaine de militants pour le climat ont investi les rues entourant la salle Pleyel, dans le VIIIe arrondissement, en tout début de matinée vendredi 26 mai dans l’espoir de bloquer l’assemblée générale de de TotalEnergies. Certains d’entre eux se sont assis par terre en formant une chaîne humaine le long du bâtiment protégé par de nombreux gendarmes et policiers, brandissant des affiches sur lesquelles on pouvait lire «Total détruit, les banques financent, on résiste» ou «Ecoutez les scientifiques, plus un seul projet fossile». Malgré cette tentative de blocage, la réunion annuelle des actionnaires du groupe s’est ouverte aux alentours de 10 heures. Mais quelques uns ont fait demi tour face à l’action des militants. «Nous le regrettons, nous avons dû prendre des mesures exceptionnelles tant dans l’appel aux forces de l’ordre que d’un contrôle strict d’accès à cette assemblée», a déclaré le PDG, Patrick Pouyanné en ouvrant la séance. «Un certain nombre d’organisations ont annoncé vouloir perturber l’assemblée et nous avons donc pris des mesures pour qu’elle puisse se dérouler dans les meilleures conditions possibles».
A l’extérieur, assis, les yeux rougis par les gaz lacrymo, les activistes enchaînent les chants de motivation : «Total on est là, nous on veut un monde meilleur !» «Patrick on est là ! Ton AG se passera pas !» «Total a des projets climaticides partout dans le monde», scande un jeune au haut-parleur, faisant référence au projet EACOP, gigantesque pipeline chauffé en Ouganda ou encore au projet de la multinationale d’extraction gazière en Afrique du Sud.
Après trois sommations en moins d’une minute par haut-parleur, les forces de l’ordre ont projeté du gaz lacrymogène au milieu d’un groupe de militants pour le climat. Selon plusieurs journalistes sur place, des grenades lacrymogènes ont même été placées au milieu des militants assis et les forces de l’ordre ont effectué de puissantes charges puissantes contre eux.
Pour Lorette Philippot, des Amis de la Terre, la répression des forces de l’ordre est «hors norme». «Dès notre arrivée à 6 heures, les policiers nous ont matraqués et gazés. Ils ont essayé de nous déloger en envoyant une bombe lacrymo sur nos têtes.» La militante dénonce la stratégie «pyromane» de Total : «C’est la major qui a le plus de nouveaux projets pétroliers dans le monde. Les scientifiques sont unanimes : ces projets sont incompatibles avec un réchauffement planétaire limité à +1,5 degrés. Notre demande est élémentaire : que les actionnaires votent pour la résolution climatique.»
«L’AG de Total n’aura pas lieu», avaient d’emblée prévenu fin avril dans une tribune les signataires 350.org, Alternatiba, les Amis de la Terre, ANV-COP21, Attac, Greenpeace, Scientifiques en rébellion et XR. «Cette assemblée générale prévoit de perpétuer la stratégie du pétrolier : toujours plus de projets fossiles et une répartition injuste des superprofits qui alimente l’injustice climatique et sociale», dénoncent-ils.
Cette réunion arrive à la fin d’une saison d’AG houleuses, où des militants ont multiplié les actions contre les grands groupes, comme chez les concurrents Shell et BP ou la banque Barclays, accusée de financer l’expansion de projets d’hydrocarbures. Le tout sur fond de profits faramineux : ensemble, les majors BP, Shell, ExxonMobil, Chevron et TotalEnergies affichent plus de 40 milliards de dollars de bénéfices ce trimestre, après une année 2022 grandiose.
Signe des tensions, TotalEnergies interdira aux actionnaires et aux journalistes d’utiliser leurs téléphones portables et les obligera à laisser certains effets personnels à l’entrée. TotalEnergies veut surtout éviter le scénario chaotique de l’année dernière quand des militants d’ONG avaient empêché des actionnaires de pénétrer dans l’AG.
Mise à jour à 8h30 avec des éléments de reportage sur place.
Mise à jour à 10h25 avec l’ouverture de la séance.
Mise à jour à 12 h 50 avec les déclarations d’Elisabeth Borne.
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