CHRISTIAN EURGAL, MAIRE DE MONTJOI MENACé APRèS UNE VIDéO DE PAPACITO, REçOIT UNE VAGUE DE SOUTIEN

POLITIQUE - Après le maire de Saint-Brevin, un autre élu fait les frais du harcèlement de l’extrême droite. La Dépêche du Midi rapporte, ce vendredi 2 juin, que le maire du village de Montjoi (Tarn-et-Garonne )est menacé de mort après une (longue) vidéo publiée le 11 mai par le youtubeur d’extrême droite Papacito, avec le concours de la chaîne vidéo de Valeurs actuelles, VA +.

Une situation qui a conduit l’élu à se retrouver placé sous protection et à échanger avec la ministre des Collectivités territoriales et de la Ruralité, Dominique Faure, qui l’a reçu à Paris. « Elle prend régulièrement de mes nouvelles, et mon téléphone est placé en alerte : lorsque j’appelle la gendarmerie, je suis prioritaire », explique le maire, Christian Eurgal, cité par La Dépêche, alors que plusieurs dégradations en lien avec le contentieux dans lequel s’est engouffré l’influenceur identitaire ont été déplorées dans le village.

Un chemin communal au cœur du contentieux

« C’est abject, ils appellent à m’attraper, à me passer à tabac et au viol », regrette l’édile de cette commune de 150 habitants. Mais comment en est-on arrivé là ?

Tout commence à l’automne 2022, quand Papacito, de son vrai nom Ugo Gil Jimenez, prend fait et cause, via une première vidéo, pour un éleveur du secteur, Pierre Guillaume Mercadal, par ailleurs ex-candidat aux municipales à Montjoi. Cela fait trois ans que ce producteur porcin, condamné à l’automne pour avoir séquestré Christian Eurgal, s’estime lésé concernant l’usage d’un chemin communal. Malgré ses démarches, il n’a jamais obtenu gain de cause.

Ce différend implique un ressortissant britannique installé dans la commune, lequel a d’ailleurs vu sa maison vandalisée en lien avec cette affaire. C’est alors que Papacito intervient, via une première vidéo en octobre. Depuis supprimée par YouTube, celle-ci est toujours disponible sur la plateforme Odyssey, où les professionnels de la haine en ligne et les producteurs de contenus conspirationnistes trouvent refuge.

Le youtubeur y accuse le maire d’avoir été corrompu par le ressortissant britannique dans le but de confisquer le chemin au producteur. Une cagnotte de soutien a été lancée, et a récolté la modique somme 277 000 euros. Après ce premier fait d’armes (qui avait déjà valu des ennuis au maire), Papacito a produit une autre vidéo publiée en mai dernier. Christian Eurgal y est dépeint en « fouine » et, malgré le ton humoristique que l’intéressé veut se donner, le film flirte souvent avec l’appel à la violence. Le tout avec des propos orduriers aux relents homophobes.

« Méthodes violentes »

Visionnée 472 000 fois depuis, la vidéo a relancé la vague de harcèlement et les menaces que subissent Christian Eurgal et le riverain britannique. Ce qui vaut aujourd’hui au maire de la ville une importante vague de soutien. « Après ses menaces de mort envers Jean-Luc Mélenchon, le youtubeur d’extrême droite Papacito s’en prend à un maire du Tarn-et-Garonne : menaces, insultes, dégradations… Voici leurs méthodes violentes. Tout mon soutien au maire de Montjoi, Christian Eurgal face à ces intimidations », a tweeté le député insoumis de Haute-Garonne François Piquemal.

« Tout mon soutien au maire de Montjoi, Christian Eurgal, victime de la haine et de menaces, jusqu’à la divulgation de son domicile. Ces actes sont intolérables en démocratie et abîment la République », a renchéri la députée socialiste du département, Valérie Rabault. Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, est également monté au créneau, tout comme la présidente de la région Occitanie, Carole Delga.

Au-delà de la tournure politique prise par ce contentieux, le procureur de la République de Montauban Bruno Sauvage a ouvert une enquête pour injure publique contre une personne dépositaire de l’autorité publique confiée à la section de recherche de Toulouse. Dans une publication sur Instagram le 20 mai, Ugo Gil Jimenez dit trouver « très drôles » les graffitis faits aux alentours du village et visant à débusquer « la fouine » Christian Eurgal.

Même s’il dit se « désolidariser fermement » de ces actes dont il fait pourtant la promotion sur son compte personnel. Après la publication de sa vidéo, un militant d’extrême droite s’est rendu sur place pour voler le drapeau français de la mairie. Il a été identifié puis condamné à trois mois de prison avec sursis.

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